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QUELQUES MOTS AVEC… THE VACCINES

La semaine dernière on parlait du bel album Back In Love City du groupe Britannique The Vaccines, et à cette occasion nous avons rencontré Freddie Cowan, leur guitariste. C’est depuis le tour bus, au matin d’un autre concert, que Freddie a répondu à nos questions. Interview.

INTERVIEW

Unis Son : Premièrement, félicitations pour la sortie de Back In Love City vendredi dernier. C’est vraiment un bel album, je l’ai beaucoup apprécié !

Freddie Cowan : Merci !

US : À l’écoute, j’ai eu le sentiment que cet album parlait de sentiments et d’émotion et de leur possible accès à tous en tout temps. D’où ça vous est venu ?

FC : Ouais. Je ne pense pas que ce soit un concept album, quoi que je pense qu’on a écrit et travaillé dessus autour d’un concept qui se développait en parallèle de la musique, et c’était pas quelque chose de prémédité. On était en tournée, on avait certaines discussions dans l’avion, à parler de différentes choses, on reflétait juste notre expérience de vie à ce moment-là. Et j’étais juste témoin d’une culture de l’addiction, et j’étais très intéressé par ça. C’est facile de pointer la drogue et l’alcool, mais on a aussi une façon d’être complètement accro à la culture de l’échappatoire. Les réseaux sociaux c’est de l’échappatoire, c’est sortir de la réalité, construire autour d’autres réalités. Donc en gros, je me suis dit : et si dans le futur, de la même façon que des compagnies nous fournissent avec tout, et si Google ou Amazon pouvaient nous fournir quelque chose comme l’amour. C’est cette idée qu’on peut oublier comment s’aimer les uns les autres en gros… parce que toutes ces choses simples qu’on a oubliées, que la technologie nous autorise à laisser tomber, genre, l’amour pourrait devenir une commodité. Parce que pour moi, genre, la drogue et l’alcool, c’est une façon maladroite pour les gens de se sentir en sécurité et aimés, mais alors que la technologie progresse, c’est juste, imagine si tu pouvais le vendre. Et Love City est ce genre de métaphore pour cet endroit ; ça peut être un endroit physique, ça peut être un endroit auquel tu accèdes comme tu veux… C’est sur l’échappatoire, principalement.

US : Comme tu l’as dit, Love City est une métaphore, elle est fictionnelle, mais si tu pouvais la situer sur une carte, où se trouverait-elle ?

FC : Parce qu’on a créé l’album au Texas, ça serait un peu cette esthétique… pour moi c’est genre un style de route sombre avec une sorte de restau mais pas quelque part ou l’on sert de l’alcool, tu vas juste là-bas et tu sais que c’est un peu un coin de merde, mais t’y vas pour t’y ressourcer et tu sais que tout sera bien. Tu sentirais absolument tout, un peu comme un genre de planque d’opium ou quelque chose. Juste imagine ce Love City, ils ont tout prévu, c’est parfait, tu vois. Et tu as un énorme câlin chaleureux, et tu sens que tout va bien. L’amour c’est une émotion qui demande beaucoup de travail, beaucoup de pratique, de patience. C’est un verbe aussi et je pense que c’est peut-être qu’on oublie. On veut juste se sentir bien tout de suite sans prendre en compte ce qu’on fait, une attitude saine tu sais, on veut juste être en paix.

US : Et comme tu l’as mentionné, vous avez enregistré au Texas, je crois à El Paso ?

FC : Correct.

US : Il y a ce sentiment de paysage immense et désertique quand on écoute l’album aussi. Et vous l’avez enregistré juste avant que le monde s’arrête.

FC : Oui !

US : Est-ce que vous étiez impatients, et est-ce que vous êtes soulagés que l’album soit finalement sorti ?

FC : Ouais. Personnellement, je suis heureux d’avoir eu mon propre mécanisme d’adaptation parce que c’était vraiment un long moment à s’asseoir sur l’enregistrement. Mais, cela dit, on a fini d’enregistrer en décembre 2019, et on s’est retrouvés en février 2020, ou peut-être janvier, juste avant la pandémie, et on s’est dit : ‘tu sais quoi, c’est un super album mais il pourrait être meilleur’. Du coup on a vraiment continué de travailler dessus pour la majorité de 2020. Et avant la pandémie, on n’aurait jamais eu l’occasion de faire ça, parce qu’on était toujours en train de tourner, toujours à enregistrer, toujours à faire des choses, et c’est la première fois depuis What Did You Expect, notre premier album, qu’on a, je pense, donné à l’album assez de temps. On s’est donné assez d’espace, à revenir dessus, et travailler dessus, le faire grandir jusqu’au moment où on s’est dit ‘okay, ça peut pas être mieux’. Du coup, ça a été une vraie bénédiction pour nous parce que ça nous a forcés à prendre du recul, souffler un coup, tu sais se réapproprier l’ensemble et pouvoir accéder à un meilleur potentiel. Ouais c’était difficile dans un sens et dans d’autres, c’était profitable.

US : Vous avez aussi célébré le 10e anniversaire de votre premier album cette année. Est-ce que vous sentez comme si vous aviez déjà un peu de Love City dans vos albums précédents ?

FC : Je pense que l’on voulait faire un album sauvagement « moderne », un album de son temps et quelque chose qui est extrêmement coloré, toutes ces choses qui sont dans Love City, je crois qu’on voulait faire ça probablement depuis English Graffiti. L’intention pour un album comme Back In Love City était là depuis un moment, et ça nous a montré qu’on peut avoir toutes sortes d’intentions. Tu peux vouloir un album qui sonne comme ça, un album qui sonne comme ci, mais au fond, c’est pas vraiment de ton ressort. Tu peux mettre en place l’intention cela ne veut pas dire que tu es prêt ou capable de continuer à le construire. Mais je pense qu’on voulait faire quelque chose qui sonnait comme ça depuis longtemps, je pense juste qu’on n’était pas encore prêts.

US : Oui et parce qu’il y a eu 10 ans entre le premier et celui-ci, je pense qu’on peut sentir et entendre l’évolution de votre son aussi.

FC : Ouais, mais le premier album était quelque chose où on avait si peu de projection, c’était juste : on se rencontre, on commence un groupe, on avait absolument aucune attente de ce qui pouvait arriver, et soudainement tous ces gens étaient intéressés, et des gens voulaient nous manager, et des gens voulaient qu’on joue, et j’ai pensé c’est très vraiment étrange. Les gens devenaient fous pour la musique. Et maintenant quand j’écoute de nouveau l’album, et je pense que c’était un vrai moment. Tu ne peux pas définir l’intention d’un moment. Dans un sens, tu es un genre de passager de ta propre musique.

US : C’est ce qui est très intéressant à entendre aussi. Ensuite vous avez fait ce superbe vinyle pour Back In Love City, et vous avez aussi un magnifique picture-disc avec Blood Records. C’était quoi le processus ?

FC : J’ai rien demandé de particulier. C’est une super compagnie, j’aime le modèle et tu sais, ils font des choses vraiment cool. Je pense que dans l’industrie de la musique et en général, c’est bénéfique pour les gens d’agir comme des petites entreprises. Une compagnie comme Blood Records travaille réellement bien avec les groupes, les petits groupes, et je pense que c’est juste une super compagnie, et qu’ils font des choses incroyables pour les LP qu’ils font. Des trucs de dingues visuellement.

US : Excellent ! C’est maintenant ma dernière question : quel est ton premier souvenir musical ?

FC : Probablement juste être à l’arrière de la voiture avec mes parents, ou mon père, et écouter… probablement pas de l’excellente musique. Enfin, si, un peu de bonne musique, Annie Lennox, une artiste incroyable, mais aussi… des trucs pas excellents, je ne cite pas de noms [rires]. Mon père était vraiment dans la musique rock mais mon premier souvenir, chanter à l’arrière de la voiture, écoutant Annie Lennox ou… mais je me sentais pas vraiment connecté à ça. La vraie connexion avec la musique est venue vers, 11/12 ans… écoutant, je crois du rock classique. Led Zeppelin et des trucs comme ça. Et c’est la première chose qui m’a connecté réellement à la musique. Mais aussi juste, j’aime la musique vraiment énervée. Très jeune, j’adorais Slipknot et j’aimais bien Metallica, sans aucune raison, et … Genre, j’avais l’habitude de m’endormir en écoutant Slipknot et maintenant c’est bien trop sombre pour moi. Mais c’était juste une sorte d’ouverture du spectre émotionnel, du genre ‘wow c’est vraiment de la colère concentré et de la rébellion’, et c’est vraiment puissant.

On remercie Freddie d’avoir gentiment accepter de répondre à nos questions. The Vaccines sera en tournée au printemps au Royaume-Uni. On remercie également Telma et Alex pour cette belle opportunité.


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📷: Frank Fieber
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